Portnoy et son complexe, de Philip ROTH
Ce qui séduit d’emblée dans ce roman de Philip ROTH, c’est le ton sarcastique employé pour faire parler le personnage principal de cette histoire.
Alexander PORTNOY, fils d’une famille juive étouffante, est en fait en consultation chez son psychothérapeute pour des désordres d’ordre sexuel. Agé de 33 ans, il est incapable de s’engager et multiplie les conquêtes féminines, au grand dam de sa mère. Il ne voit en effet les femmes que comme des objets sexuels, et se lasse très vite si ces dernières ne sont pas assez inventives au lit.
Face à ce spécialiste, le voici qui remonte à sa petite enfance, égrenant les années afin de nous faire comprendre comment ses relations avec ses parents, et en particulier avec sa mère, ont pu le faire arriver là.
Car ce fils chéri, qui connaît depuis l’école une réussite brillante et occupe aujourd’hui de hautes fonctions auprès du maire de New York, fait le désespoir de ses parents en n’étant pas encore marié quand les enfants de leurs voisins le sont depuis longtemps.
Et le portrait qu’il dresse de cette famille ; une mère possessive, un père obsédé par son problème de constipation et une sœur considérée par tous comme fade, est tout bonnement jubilatoire.
Les petits travers, les habitudes, les principes, sont passés au crible avec un humour au vitriol, pour le plus grand bonheur du lecteur.
Alexander PORTNOY est certes un obsédé sexuel, mais il en a pleinement conscience et le vit finalement bien, d’où le regard parfois agacé mais souvent amusé qu’il porte sur les siens.
Par cette construction qui suit le déroulement des séances visant à remonter à l’origine des « troubles », Philip ROTH parvient à nous faire toucher du doigt l’identité de cet homme et signe là un roman très drôle, même si parfois le langage est un peu cru.